samedi 12 novembre 2016

La Cité d'Avaris

Histoire

Lors de la règne de la XIIIe Dynastie des Pharaons de Khemet, le dieu du désert Seth fit alliance avec Baal, dieu de l'orage du peuple Martu.  Baal fit venir en Egypte la tribu des Hyksos.  Montés sur des chars tirés par de rapides chevaux, inconnus au Khemet à si haute époque, leurs hordes déferlèrent sur la Terre Noire et la mirent en coupe réglée.

Ils fondirent leur capitale au bord de la Grande Verte, dans les terres orientales du Delta du Nil, et donna à cette ville le nom d'Avaris.  Ralliés à Seth, ils partirent à la conquête des terres du sud du Khemet, et soumirent tout le pays.

Les Hyksos régnèrent sur le Khemet pendant quatre fois vingt ans, la durée de la vie d'un homme béni par les cieux.  Pendant tout ce temps Seth triomphait et la lumière de la justice vacilla.  Naquirent alors dans la ville de Thèbes, de parents de descendance royale, deux frères appelés Kamosis et Ahmosis,qui avaient quatre ans d'écart.  Seth chercha par tous les moyens à les détruire, mais leur père leur sauva de la courroux divine, au prix de sa vie.

Les deux frères grandirent en la lumière de Rê.  Lorsque Kamosis arriva à l'âge adulte, la souffrance du Khemet était telle qu'il résolut de partir en guerre contre les Hyksos, sans pouvoir attendre que son frère combat à son côté.  L'enfant Ahmosis tenta par tous les moyens de rejoindre son frère, mais celui-ci confondit à chaque fois ses déguisements.

Ainsi Kamosis partit à la tête de centaines de vaillants soldats de Thèbes.  Pendant quatre ans, il remporta de grandes batailles et parvint sous les murs d'Avaris.  Il mourut le jour même où Ahmosis, devenu homme, put rejoindre enfin le campement.  Ahmosis prit la tête de l'armée, monta sur les murailles d'Avaris et tua de sa main le roi Hyksos.

On dit depuis qu'il aurait dû raser la ville et passer tous ses habitants au fil de l'épée; mais Avaris était devenu une cité riche, visitée par les navires du monde entier, et spécialement par les flottes des Pelasgoi.  D'autre part, plus de cinquante mille hommes, femmes et enfants l'habitaient, et comment distinguer le grain de l'ivraie ?  Ahmosis se contenta de raser le grand temple de Seth et de semer symboliquement du sel sur sa ruine.

La cité d'Avaris survécut donc, et avec elle les milliers de adorateurs de Seth, qui propagèrent son culte dans leurs maisons, puis construisirent au fil des années des dizaines de temples souterrains.  De nos jours, à Avaris l'activité à la surface, qui ressemble à celle de toute grande cité de Khemet, est doublée par une autre, sombre et clandestine, sous le même sol.  Les autorités en ont conscience, mais chaque tentative de nettoyer les souterrains, qui forment une immense dédale, se solde par un sanglant échec.

Depuis que l'ombre de Seth s'étend à nouveau sur le Khemet, et que le Pharaon a réduit considérablement le garnison afin de réunir contre les Suburu toutes les forces du pays, les adorateurs du dieu du Désert sont à Avaris devenus hardis.  Leurs processions traversent la ville en plein jour et ceux qui maudissent Seth terminent souvent leur vie dans un mare de sang.  La peur agrippe la population...


Géographie

Le Nil, à l'approche de la mer, se perd en des dizaines de cours d'eau et forme un immense marécage qui s'étale sur 240 km de la côte et compte 140 km de profondeur.  Seule une des branches reste navigable et celle-ci coule au pied d'Avaris, sur son flanc oriental.

La ville abrite soixante-dix mille personnes derrière ses belles et hautes murailles, dont l'assise est en pierre massive et la partie supérieure en moellons.  Trois portes, dédiés à Râ, Isis et Horus communiquent avec l'extérieur.

Depuis les murailles, le marécage s'étend à perte de vue vers l'occident.  Une bonne partie de la population d'Avaris est constitué de pêcheurs et de paludiers qui nourrissent la ville avec les richesses des marais du Nil, comme le poisson, le gibier d'eau, et le sel.  Cependant, ces immenses marécages sont aussi un abri idéal pour des malfaiteurs - bandits, rebelles et adorateurs de cultes interdits.

A peine un kilomètre au nord est la Grande Verte.  Aux quatre grands quais du Port Marchand sont amarrés toute sorte d'embarcadère, allant des petits bateaux de pêche, aux longs et fins bateaux processionnels, jusqu'aux navires venus de tout le monde connu, apportant marchandises, voyageurs et diplomates.  Le Port du Pharaon, tout aussi immense, comprend tout le nécessaire pour construire et pour amarrer des navires de guerre.  La majeure partie du garnison d'Avaris est affecté à sa protection.

Sur le port préside le Grand Phare, que l'on dit l'une des Merveilles du Monde.  Le phare était construit il y a vingt ans à peine, par l'un de ces extraordinaires génies Hellènes, nommé Euclide, un homme tour à tour mathématicien, philosophe, ingénieur et architecte, et qui vit d'ailleurs encore à Avaris.  Ses quatre étages lui montent à 135m de haut, d'où le feu qui brûle dès la crépuscule est perceptible à 50 km de distance.


Le port communique avec la ville par un large canal, dont l'entretien représente une lourde corvée pour Avaris.  Elle est effectuée par un corps spécial d'esclaves, dont la durée de vie est malheureusement écourtée par la dureté du labeur.

Avaris est une ville de richesse et de luxe, pas une ville militaire.  Ainsi, les rues qui partent des trois portes sont de larges boulevards, sur lesquels s'alignent échoppes, hôtels et tavernes.  Ils conduisent à la grand curiosité qui constitue le cœur de la ville.  Il s'agit d'un vaste espace vide, de 100 mètres de chaque côté.  Tout ce qu'il contient, ce sont des amas de pierres jonchés sur le sol, sur lesquelles grimpe une maigre végétation dont le feuillage est inévitablement teint de noir et qui fournit aux âmes assez hardi pour le cueillir de virulents poisons.  Il s'agit bien évidemment des ruines du Grand Temple de Seth, élevé après la conquête Hyksos et abattu par le Pharaon Ahmosis.

En face du temple ruiné, comme un contrepoint au chaos dont il a été pendant de longues années le centre, s'élève l'imposant Bibliothèque.  Pour y accéder il faut gagner son appartenance à la Confrérie des Trois Etapes de la Transformation, et seules l'intelligence et la connaissance le permettent.  Les Confères prennent disciple tous les cinq ans, lors d'une grande cérémonie, et la rivalité est féroce.  L'engagement est pourtant total, car le disciple qui quitte son maître avant la fin du quinquennat encourt la peine de mort.  Cependant, les trésors de la Bibliothèque sont immenses; il est dit qu'il n'existe aucun œuvre au monde qui ne s'y trouve pas, et que leur nombre est tel que même les vénérés Archivistes ont perdu certains manuscrits de vue.


Outre de nombreux temples, le dernier bâtiment monumental d'Avaris est le Tombeau de Kamosis.  Ahmosis, qui combattait les Hyksos et n'avait pas le luxe d'élever pour son frère aîné et aimé un pyramide, l'enterra sous ce grand bâtiment carré.  Le tombeau forme un labyrinthe creusé dans le sol.  Il est protégé des adorateurs de Seth, qui pourraient vouloir y accéder par leurs tunnels souterrains, par de puissants sorts.  Il est dit que leur déclenchement rayerait la ville d'Avaris de la face du monde.

Car ne l'oublions pas, la ville à la surface est doublée par la Ville Souterraine, territoire de Seth.  Ses dédales renferment des dizaines de temples, des résidences pour les prêtres du dieu du désert, des réservoirs d'eau et des entrepôts de nourriture et d'armes.  De longs tunnels permettent d'accéder directement à l'extérieur de la ville, du côté des marais.  Certains tunnels sont creusés uniquement pour leurrer des intrus, et renferment de mortels pièges.  La dernière fois qu'un Pharaon a tenté de s'attaquer aux souterrains d'Avaris, cent vingt soldats d'élite ont laissé leur vie dans ce labyrinthe.

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